Strange Animals

Usual Kleptoplasts

Usual Kleptoplasts, illustration par Eléa Heberlé
La formidable Eléa Heberlé (Le Plantoscope) et moi avions déjà essayé la vulgarisation scientifique sous forme de fiction pour Podcast Science (voir, ou plutôt écouter notre première collaboration sur le conflit myrméco-chlorophyllien). Nous avons remis le couvert ce Mercredi 13/01/2021 pour vous proposer un polar noir. Meurtre, Filature, et vol de chloroplastes sont au menu :




Je vous propose le script de cette fiction rédigée à 4 mains. Si vous souhaitez approfondir le sujet de la kleptoplastie, je ne peux que chaudement vous recommander la lecture du billet dédié préparé par Eléa sur son site.

Commençons, en préambule, par vous présenter les personnages de cette fiction scientifico-radiophonique (illustration par Eléa Heberlé) :
 

Présentation des personnages d'Usual Kleptoplasts, Illustration Eléa Heberlé


Archie Spira, est un détective spécialiste de la filature. C’est une cyanobactérie du genre Arthrospira, car son corps cellulaire prend la forme d’une spirale. De par sa morphologie, elle fait partie du groupe d’espèces communément appelées “spirulines”. Les cyanobactéries désignent des bactéries photosynthétiques de couleur bleu-verte (d’où leur nom ancien d’algues bleues, malgré le fait qu’elles soient rarement de couleurs bleues.). Il sera interprété par Pierre.

Arthrospira
Lady DiDi est la femme d’un grand magnat des océans, Don Mesoso. Elle fait partie du genre Dinophysis parmi le grand groupe des dinoflagellés, des micro-organismes unicellulaires d’eau douce ou d’eau salée que l’on retrouve dans le plancton. On les appelle dinoflagellés du grec “dinos” = tourbillon et du latin “flagellum” = fouet, car ces organismes ont des flagelles, appendices qui permettent aux cellules de se propulser en réalisant des tourbillons dans l’eau.

Dinophysis

Don Mesoso est le grand magnat des océans en question. Il s’agit d’un cilié puissant (mais malade), de l’espèce Mesodinium rubrum. Les ciliés se reconnaissent à leurs cils vibratoires, entourant une cellule sphérique chez Mesodinium… ce qui leur donne un peu l’allure de petits tournesols au microscope. Il ne sera interprété par… personne, parce que c’est la victime de cette histoire.

Mesodinium rubrum

Mitch : fidèle ami d’Archie Spira, Mitch est ce qu’on appelle… le bon flic, dans le jargon. C’est une cyanobactérie de l’espèce Microcystis aeruginosa, que l’on retrouve plutôt en eau douce, mais qui parfois prolifère pendant les vagues de chaleurs en sécrétant des toxines problématiques pour les écosystèmes. Problématique quand on sait qu’elles sont parfaitement résistantes aux pesticides comme le glyphosate... Mais ça, ça n’a rien à voir avec le personnage. Il sera interprété par Eléa.

Microcystis aeruginosa

Gary Galaxea et son associé Zoé Xanthelle : Tous deux sont des ouvriers sur les docks et des suspects dans notre enquête. Le premier est une espèce de corail dur de la famille des Oculinidae, Galaxea fascicularis, la deuxième une algue unicellulaire. Les deux personnages seront interprétés par Eléa.

Galaxea fascicularis

Mr. Peltier et ses employées Nostoc : Mr. Peltier est un lichen de l’espèce Peltigera venosa, et le Patron d’une grande entreprise de livraison de biens et services, Lichen express, qui emploie des milliers d’ouvriers cyanobactéries du genre Nostoc.

Peltigera venosa

Nostoc

Ambre gracile, une salamandre de l’espèce (Ambystoma gracile), mère de famille qui n’a vraiment pas l’air coupable. Elle sera interprétée par Eléa

Ambystoma gracile

Elsa chlorotica, une célèbre artiste de cabaret, un gastéropode marin de l’espèce (Elysia chlorotica) qui n’aura pas la parole non plus, mais qui sera néanmoins capital pour l’intrigue.

Elysia chlorotica

Maintenant que les présentations sont faites… Passons à la fiction. 3, 2, 1… Showtime !

Archie : Sur la table de mon bureau, une enveloppe en papier craft m’est adressée. Il y est écrit : “Archie Spira, cyanobactérie filamenteuse, détective spécialiste de la filature. URGENT… en lettres  capitales... rouges”.
Ma main tremble. Un pressentiment horrible m’étreint subitement... froid comme la sueur qui coule le long de mon échine… froid comme la mort...  Et si je m’étais trompé ?
Deux semaines s’étaient écoulées depuis que cette étrange Dame frappait timidement à la porte de mon bureau pour la première fois. J’avais deviné, par l’allure de la silhouette qui se dessinait sur la vitre en verre poli, qu’il s’agissait d’une belle Dinoflagellée. A peine entrée, au son de ses talons aiguilles et du cliquetis de sa multitude de bijoux, j’ai su qu’elle n’était pas n’importe qui. Elle se présenta sous le nom de Lady DiDi, et sa voix suave me fit tressaillir. C’était la femme d’un grand magnat des océans, Don Mesoso, le cilié le plus riche de la région.

Lady Didi :
On raconte que vous êtes le meilleur...

Archie :
Si c’est au blackjack que vous faites référence, ce n’est pas une réputation volée...

Lady Didi :
… le meilleur détective privé des alentours.

Archie :
Un des premiers qui tombe dans le bottin surtout…

Lady Didi :
Ce n’est pas faux. Mais trêve de bavardages, j’ai besoin de vous.

Archie :
[Elle était froide comme le glaçon d'un scotch on the rocks, mais je sentais derrière ses apparences qu’elle était aussi fragile qu’un p’tit moineau. Je ne pouvais m’empêcher de la prendre en pitié]
Je n’ai pas pour habitude de laisser à l’abandon les belles femmes en détresse. Dites moi ce qui vous tracasse.

Lady Didi :
Vous êtes flatteur, mais sachez que je suis mariée. C’est d’ailleurs la raison de ma visite. Le nom de Don Mesoso vous est-il familier ?

Archie :
Assez pour comprendre pourquoi vous ne sollicitez pas la police pour une affaire le concernant.

Lady Didi :
Tout à fait, je compte sur la plus grande discrétion au sujet de cette affaire. Voyez-vous, mon mari est au plus mal. Lui qui d’ordinaire arbore une belle couleur verte, est devenu très pâle depuis quelque temps, comme si on lui avait volé petit à petit tous ses chloroplastes. Vous savez comment marchent les affaires : le moindre signe de faiblesse, et c’est la concurrence qui rafle la mise.

Archie :
[Je la voyais frotter nerveusement ses bijoux, comme si la perspective de la faillite de son mari n’inquiétait que son propre confort de vie]

Lady Didi :
Nous ne pouvons pas risquer que ses rivaux découvrent son état, et il faut absolument trouver la personne qui en est responsable. Vous serez grassement payé pour cette enquête, alors je compte sur vous, Archie Spira. Prouvez moi que vous êtes le meilleur… et pas seulement au blackjack.

Archie :
[J’avoue que le clin d'œil suggestif qui conclut sa proposition ne me laissa pas de marbre. J’acceptais l’affaire.
Il faut dire que ce n’était pas la première fois que j’entendais parler du vol des chloroplastes, ces compartiments cellulaires capables de transformer l’énergie du soleil en matière carbonée et en énergie vitale pour tout bon organisme photosynthétique qui se respecte. Ils sont appelés chloroplastes car ils contiennent de la chlorophylle, un pigment vert sensible à la lumière et capable de collecter l’énergie lumineuse.
Moi aussi je tourne à la chlorophylle, mais je fonctionne à l’ancienne : pas besoin de la stocker dans ces compartiments hi-tech pour utiliser l’énergie solaire. C’est un gadget de nouvelles générations ça… Mais pour ces jeunes arrivistes de la photosynthèse, difficile de s’en passer. Je comprends que leur disparition inquiète Don Mesoso et sa famille...
Mais j’avais la ferme intuition que cette inquiétude était partagée par beaucoup plus de monde. Je me mis à fouiller les tirages du Ocean Times, et en extirpait un exemplaire titré : “Kleptoplastie ! Le voleur de chloroplaste a encore frappé.”
Dans la suite de l’article, le journaliste interviewait l’un des membres des forces de l’ordre en charge de l’affaire : “Il faut que la population photosynthétique ne s’inquiète pas. La police fait son travail. Si c’est à un kleptoplaste que nous avons affaire, je vous garantis que nous allons le retrouver et le faire coffrer.”
Ca ne pouvait être que ce bon vieux Mitch! Mon vieil ami! Si on ne m’avait pas pressé de quitter les forces de Police, nous serions peut-être encore co-équipiers. Une visite au commissariat s’imposait.

Mitch :
Archie, ça alors, c’est pas croyable ! Ça fait une paye mon gars !

Archie :
J’aimerais te dire que tu n’as pas changé, mais je vois que c’est surtout ton régime de Donut qui n’a pas discontinué.

Mitch :
Décidément, même après 10 ans tu restes toujours aussi aimable ! C’est pour admirer mon physique que t’es revenu me faire une visite ?

Archie :
Si je te parle de Kleptoplastie, qu’est ce que ça t’évoque.
[mon œil de détective discerna aisément son trouble passager]

Mitch :
Ah ! Tu suis l’actualité ! Sordide affaire… tous nos inspecteurs sont sur le coup depuis des mois. J’ai  moi même encore quatre zigotos en garde à vue, tous plus suspects les uns que les autres, mais aucun moyen de les incriminer. Ils semblent tous avoir un alibi.

Archie :
À ce que je comprends, t’aurais besoin d’un bon coup de main, de quelqu’un qui puisse filer tes suspects, je me trompe?

Mitch :
Tu me prendrais pas pour une algue bleue par hasard ? Je suis pas né de la dernière pluie tu le sais bien. Si tu viens me rendre visite c’est sûrement qu’il y a un gros chèque dans l’histoire… ou bien une jolie donzelle…

Archie :
Ptet un peu des deux… mais surtout une occasion de refaire équipe tu penses pas? Comme au bon vieux temps Mitch !

Mitch :
Ok, mais tu la joues réglo cette fois-ci, et je veux que tu me tiennes informé de toutes tes avancées dans cette enquête. Pas d’infos sous le plancher océanique, capish?!

Archie :
[Mitch m’emmena dans la salle d’interrogatoire, où il procédait à une séance d’identification. Derrière la vitre teintée, une algue à demi vidée de ses chloroplastes, contemplait, tremblante, les 4 suspects qui… effectivement, paraissaient bien suspects.]


L’algue :
Désolée inspecteur, mais je ne reconnais vraiment personne. Laissez moi rentrer chez moi maintenant, j’ai besoin de repos.

Archie :
[Mitch reprit la parole juste après que l’algue a passé le pallier de la porte de sortie.]

Mitch :
Tu vois, les victimes sont toutes dans un triste état et aucune n’est capable d’identifier le moindre suspect. Difficile d’avancer dans ces circonstances et pourtant ces quatre personnes représentent notre meilleur espoir de résoudre cette affaire. Le premier à gauche, c’est Gary galaxea, un sacré coco… corail. Tu remarqueras qu’il est plutôt verdâtre comme animal, c’est louche.

Archie :
Pourquoi avoir gardé cette suspecte là alors? C’est une salamandre noire et tachetée!

Mitch :
Ambre Gracile? Un de nos indics l’a vu traîner près de points d’eau très riches en algues. Forcément, ça a attisé la suspicion du voisinage et on ne peut laisser aucune piste de côté. Même topo pour ce type. Mr. Peltier, un lichen un peu louche qui, paraît-il ne traiterait pas bien ses employés cyanobactéries. Nous avons reçu des plaintes anonymes le concernant, il se pourrait bien qu’il trempe dans cette affaire.

Archie :
Et la limace à la tête de mouton là? Elle semble totalement inoffensive!

Mitch :
T’es vraiment pas physionomiste hein… c’est ce genre de réflexions qui t’as coûté ton badge tu te souviens ? L’habit ne fait pas le moine, et dans le cas d’Elsa chlorotica, tu auras remarqué que son manteau d’émeraude est un ptit peu trop voyant pour être honnête.  Depuis quand une artiste de music hall peut se payer des fringues pareilles ?

Archie :
Le plan me semble plutôt simple : je les file, prend le coupable en flag et on est bon!

Mitch :
C’est plus compliqué que ce que ça en a l’air, attention. Pour qu’un individu soit inculpé pour kleptoplastie, il faudrait réussir à montrer qu’il vole effectivement les plastes fonctionnels d’une autre personne, pour utiliser leurs propriétés et l’énergie qu’ils produisent pour leur propre bénéfice.

Archie :
[Je comprenais maintenant le casse-tête de Mitch. Je lui proposais immédiatement de relâcher ces suspects, pour commencer mon travail de filature. J’allais commencer par celui qui me semblait le plus louche : Gary le corail.]

Archie :
[Gary le corail étant un ouvrier en bâtiment, je me dirigeais vers le chantier du récif de la grande barrière, plus précisément le Pier 42. Je le surprenais en train d’appliquer une couche de mastic calcaire. Plutôt que de l’espionner discrètement pendant des heures, je me suis dit qu’un brin de bluff serait plus efficace. Je m’emparais de ma fausse carte de presse, un bon moyen de rendre toute conversation fructueuse.]

Archie :
Monsieur Galaxea. Mon nom est Arch… Archer Spinach, journaliste pour le Ocean Time. C’est votre chef de chantier qui m’envoie, vous seriez le corail de la situation! Il paraît que vous pourriez tout m’apprendre de vos conditions pénibles de travail sur le chantier du récif.

Gary :
Ah ben, il a bien raison de vous envoyer vers moi tiens, s’il pense que je vais fermer ma gueule en m’intimidant avec un journaliste… il se fourre le doigt dans l'œil. Vous avez de quoi noter ?

Archie :
Bien sûr, ça pourrait faire un article sensationnel!

Gary :
Vous voyez ce métier, c’est pas facile tous les jours. Sous l’eau, 24h/24, 7 jours sur 7, à construire ce récif pharaonique en sous effectif, et avec une température qui ne cesse d’augmenter. Pis je vous raconte pas la pollution qu’on se coltine là en bas, c’est tout juste s’il ne faut pas recoller les morceaux à peine bâtis chaque semaine.

Archie :
Mais vous n’êtes pas les seuls à bosser sur ce chantier, je me trompe? Je ne peux m’empêcher de remarquer les petites cellules vertes qui semblent… stockées dans vos tissus?

Gary :
Ça ? Les zooxanthelles? Ben c’est les collègues quoi. Sans elles on pourrait pas construire le récif hein. Vous avez déjà vu un maçon sans son briquetier ? Elles font les briques, je fais le ciment. C’est pas sorcier voyez. D’ailleurs si vous voulez leur témoignage sur les conditions de travail, elles aussi elles en ont gros. Pas vrai Zoé ?

Archie :
[À ma surprise, je constatais alors que les tâches vertes-brunâtres parcourant le corps de Gary étaient en réalité de microscopiques algues, bien vivantes. L’une d’elle se mit à se plaindre d’une voix suraiguë.]

Le corail et les zooxanthellesZoé :
Ah ben ça c’est sûr que c’est pas facile. Nous on se tue toute la journée à absorber l’énergie du soleil pour soutenir le gros œuvre et l’équipe, mais ces conditions ça nous sape. On tient plus là. Regardez moi cette misère, les accidents du travail qu’on se coltine. Dans les chantiers les plus acides, mes consoeurs, elles meurent et direct après, c’est le tour du corail qui blanchit comme un légume à la casserole.

Archie :
Mais si je comprends bien, l’énergie que vous fournissez, elle n’est pas pour vous? C’est bien Mr Galaxea qui en profite?

Zoé :
Tout le monde en profite monsieur croyez moi ! Cette affaire, ce sont les termes d’une clause intersyndicale bien ficelée qui fonde notre profession depuis des millions d’années. Croyez-moi, c’est dans le collectif que réside la force des communautés. “Tous unis pour le corail, tous con-treuh le capital !”

Echanges entre corail et Zooxanthelle
Archie :
[Une fausse piste donc. Comme je me trouvais sur les docks, je me suis dit qu’un passage dans les entrepôts de Lichen Express pourrait éventuellement rentabiliser cette matinée. Mr Peltier, le patron, était en effet connu pour son micromanagement féroce, à haranguer son personnel. Est-ce qu’il n’aurait pas réussi à se passer de mains d'œuvre pour directement puiser l’énergie à la source? Ma fausse carte d’inspecteur du travail allait m’ouvrir toutes les portes.
Je passais l’entrée de l’entrepôt, la démarche assurée, en criant à ce que le manager me reçoive immédiatement.]

Mr. Peltier :
C’est moi le manager ici. Gérard Peltier. Je vous prierais de ne pas crier de la sorte dans mes entrepôts. Il doit d’ailleurs y avoir une erreur. Nous avons déjà été inspectés la semaine dernière.

Archie :
C’est justement les résultats de cette inspection qui m’amènent à revenir, et croyez-moi bien que j’aurais préféré pouvoir jouir de ma fin de semaine autrement. Il semblerait que vos chiffres de rendement énergétique ne correspondent absolument pas aux effectifs de main-d'œuvre que vous avez déclarés? [Le bluff, voilà ce qui amène à gagner au black jack]

Mr. Peltier :
Mais enfin, c’est absurde, d’où tirez-vous ces informations ? Tous mes employés le sont dans la plus grande légalité et mes affaires sont en ordre. Tenez, si vous y tenez, allez leur demander, ils vous diront la même chose ! Je suis un patron exemplaire !

Archie :
En tant que patron exemplaire, vous ne verrez alors aucune objection à ce que je les interviewe… seul!
[Je le vis hésiter. Il s’était piégé tout seul]

Mr. Peltier :
Faites ce que vous avez à faire. Mais vite, chaque seconde de temps passé avec vous nuit à la productivité de l’entreprise : le temps, c’est de l’argent monsieur !

Archie :
[L’entrepôt ressemblait à un titanesque réseau de couloirs filamenteux, dans lesquels sinuaient d’innombrables tapis roulant où des cyanobactéries Nostoc empilaient docilement les nutriments qu’elles accumulaient à la sueur de leur front. Je m’approchais de la plus frêle d’entre elles].

Lichen
Nostoc :
Je ne dirais pas que nos conditions salariales soient idéales, cela dit Mr. Peltier est tout de même un homme généreux. Il a bien voulu nous recruter alors que nous n’avons que très peu de diplômes et il nous offre de l’eau, des minéraux, un abri… de quoi vivre quoi ! Nous avons de la chance de travailler ici! Dehors, ce n’est pas tout le monde qui valorise nos compétences. Et puis, il nous permet de nous élever dans la société tout de même : alors que nous étions coincées dans nos colonies pour survivre, maintenant nous pouvons nous démarquer !

Archie :
Et vos conditions de travail? Vous n’avez jamais pensé à vous syndiquer?

Nostoc :
Chut!!! Ce mot est interdit ici! Celles qui le prononcent quittent l’entreprise immédiatement. Et je vous garantie que des colonies libres de Nostoc, c’est bien pire que de se retrouver ici.

Echanges entre photobiontes et mycobiontes dans le lichen
Archie :
[Ces Nostoc avaient toutes le même discours. En tant que cyanobactérie libre, j’en étais totalement dégoûté. Mais cet esclavage des temps modernes, malheureusement, était totalement légal. Chienne de Vie. Peltier était certes un pourri, mais sa peur des inspections rendait son implication dans de la kleptoplastie totalement improbable. Je retournais, sous la pluie, dans ma piaule, bredouille. Le lendemain, je décidais d’aller faire un crochet dans le quartier d’Ambre Gracile, en périphérie de la ville. Dans ce quartier modeste et purement résidentiel, les seules passantes étaient toutes mères de famille, trimballant leur marmaille hurlante derrière elles. J’avais peu d’espoir de trouver mon coupable aujourd’hui, mais le travail de Détective paie à être parfaitement exhaustif. J’aperçus Ambre quitter son logis, regardant nerveusement autour d’elle. Sur le chemin qui aurait dû la mener au plus proche supermarché, elle prit un détour inattendu, en se dirigeant vers la forêt. Nom d’un flingue, ça devenait intéressant.
Pas facile de rester discret, elle regardait régulièrement par-dessus son épaule pour voir si personne ne la suivait. Que pouvait-elle cacher ? Je lui laissai un peu d’avance pour ne pas risquer de me dévoiler… je la perdais presque de vue au moment où tout à coup, elle s’arrêta au bord d’un point d’eau. Au bout de quelques dizaines de minutes à tremper ses mains dans l’eau, elle sortit un objet rond et vert de l’étang… Je la tenais !]

Algue Oophila et ponte de Salamandre
Hauts les mains! Plus un geste vous êtes faite, Ambre Gracile!

[Elle poussa un cri de surprise et laissa retomber sa boule verte dans l’eau]

Ambre :
Pitié ! Ne faites pas de mal à mes enfants ! Je ferai tout ce que vous voudrez !

Archie :
Voilà des jours que nous cherchons le coupable de cette enquête de kleptoplastie ! Sortez moi toute la cargaison volée de chloroplastes que vous cachez dans cet étang !

Ambre :
Kleptoquoi? Chloro quoi? Monsieur le policier, j’ignore tout de ce dont vous parlez, je vous le jure sur ma progéniture, ce que j’ai de plus précieux.

Archie :
Je ne veux rien entendre, à genoux, mains derrière la tête, je vais vous passer les menottes et vous emmener au commissariat.
[Elle obtempéra en pleurant. En m’approchant du bord de l’eau, je pus mieux observer ces étranges boules vertes, et je réalisais ma bavure… C’était bien des embryons de salamandres.  Bon sang, mais quel idiot je faisais. Je savais pourtant que des algues du genre Oophila envahissent spontanément les œufs de certaines espèces de salamandre et leur donnent un supplément de sucres et d’oxygène. De l’endosymbiose mutualiste parfaitement inoffensive. Archie, quel tocard tu peux faire parfois. Je décidai de discrètement quitter les lieux, espérant qu’Ambre Gracile n’ait pas eu le loisir de mémoriser mon visage.]

Archie :
[Et c’était reparti sur la case départ, sans pouvoir amener un quelconque coupable en prison… Et certainement pas récolter 20000 dollars. Je rentrais chez moi avec la sensation d’être un vrai tocard. Un arrêt au bar du coin me ferait le plus grand bien pour réfléchir à toute cette histoire. Je commande un scotch on the rocks, comme à mon habitude. Soudain, les mots du présentateur d’informations à la radio me sort de ma torpeur alcoolisée.

“Barman, monte le son de la radio !”

Radio  :
Aujourd’hui les autorités ont retrouvé le corps inanimé du très célèbre Don Mesoso dans sa résidence. d’Upper East Side. On ignore encore les causes de son décès, mais son corps exsangue et dépourvu de chloroplastes laisse peu de place au doute : il s’agit très certainement de l’oeuvre du serial kleptoplast qui terrorise la ville et dont la police traque, en vain, la piste depuis des semaines. À notre micro, l’inspecteur Mitch s’est refusé à tout commentaire.

Archie :
Ah. Pauvre Mitch, les interventions radio, ça n’a jamais été son truc. Il allait falloir que j’accélère mon enquête. Le music hall de ma dernière suspecte était à deux rues, et son spectacle était à l’affiche ce soir. J’imagine qu’un peu de divertissement ne pouvait pas me faire de mal.

En quittant le bar, j’eus l’intime conviction d’être suivi. Le 6e sens d’un détective aguerri…
Au détour d’un carrefour, je me retournais brusquement pour confronter mon stalker, mais je ne pus apercevoir qu’une ombre verte, qui s’engouffrait dans une bouche de métro. Habile. Etait-ce Elsa chlorotica ? J’allais en avoir enfin le cœur net. Showtime!
J’avais choisi une place dans la salle pour sa proximité avec les coulisses. Après le numéro d’Elsa où sa voix suave avait ensorcelé tout l’auditoire, je m’éclipsais discrètement pour observer ma suspecte. De l’embrasure de la porte de sa loge, je la vis se dévêtir… puis s’emparer d’une poignée d’algue dans son sac à main. Ma main se mit spontanément à la recherche de la crosse de mon revolver.
A mesure qu’elle les suçait à l’aide de sa langue aux épines aussi acérées que celles d’une rose, je pus, à mon effroi, me rendre compte que son corps entier semblait s’emplir de veinules garnies de chloroplastes. J’avais enfin ma coupable ! ]

Kleptoplastie par Elysia chlorotica
Vous êtes en état d’arrestation, ma jolie.

[J’avais sous-estimé mes réflexes, ou surtout les siens. Ma vue fut brusquement obscurcie, après qu’elle m’ait jeté au visage les cadavres d’algues qu’elle venait de ponctionner.  Plus vive qu’une anguille, elle me poussa contre le cadre de la porte, se faufila en courant dans le couloir et en un instant, disparut au travers d’une sortie de secours, son manteau émeraude virevoltant derrière elle. J’étais trop vieux pour ce genre de course-poursuite. J’essayais de la rattraper dans la rue, mais elle courait trop vite pour moi. Heureusement, je m’emparai de la trotinette d’un enfant qui passait par là. Je gagnai rapidement de la vitesse, mais elle essaya de me semer en zigzaguant dans les ruelles étroites de Gotham. Soudain, après un énième virage serré, où je la perdis de vue, une détonation. Discrètement, je lançai un coup d'œil dans la ruelle qu’elle venait d’emprunter, revolver armé. Mais ce que j’y trouvai n’était qu’un monceau de chair inanimée. Des lambeaux de la jolie poupée étaient dispersés sur le macadam, suintant la chlorophylle. Il ne me restait plus qu’à joindre Mitch, et à faire embarquer le cadavre chez le légiste. Triste fin. Drôle de fin : qui… avait tué Elsa chlorotica? Combien de temps cette question allait-elle me tourmenter ?
À mon bureau, je tiens toujours, indécis, l’enveloppe en papier craft qui m’est adressée. Ma main tremble tandis que je défais les liens scellant les documents du médecin légiste. À travers le jargon, je comprends mon erreur : Aucun des chloroplastes retrouvés sur le corps d’Elsa ne correspondent à ceux de Don Mesoso… Il semblerait de plus qu’elle n’ait utilisé aucun de ces plastes pour produire de l’énergie, mais qu’elle les ait intégralement digérés… Une meurtrière donc, mais pas une kleptoplaste. Ce qui veut dire que notre homme est toujours en liberté. Mais est-ce un homme ? Qui aurait intérêt à tuer Don Mesoso ? Un ennemi ? Il doit en avoir des tonnes…
Après quelques minutes de réflexion, j’eus un flash : cette silhouette verte qui me suivait dans la rue… n’était-elle pas accompagnée de bruits de talons ? Mon instinct me criait d’aller fouiller la villa de Don Mesoso. J’étais certain d’y trouver des réponses.
Je pénétrai dans la résidence en pleine nuit, par effraction, n’ayant pas de mandat bien entendu. Dans le frigo, sans surprise, des bidons entiers de liquide vert. Soudain, la lumière de la cuisine s’allume et Lady Didi rentre dans la pièce.

Lady Didi :
Archie, j’imagine que vous n’êtes pas là pour me présenter vos condoléances… vous n’auriez jamais du venir.

Archie :
Vous êtes en état d’arrestation, ma jolie. Avouez-tout
[Elle se mit à faire les 100 pas dans la cuisine]

Lady Didi :
Vous êtes bien le meilleur détective du secteur, Archie. Je pensais que vous lancer sur la piste de cette artiste de pacotille suffirait à vous détourner de la vérité…
Vous pensez que mon mari était un ange, peut-être? C’était un pourri, un meurtrier d’algues, sans âme et sans subtilité. Un véritable boucher. Moi, j’ai du style, Archie. J’attendais chaque soir qu’il s’endorme pour lui voler les chloroplastes des algues qu’il digérait. Il n’y a vraiment pas d’équivalent en matière de soin du corps. Comment croyez-vous que je puisse garder cet aspect juvénile, malgré mon âge ? Et je compte bien le garder pendant encore de très nombreuses années.

Kleptoplastie par Dinophysis
Archie :
Après ces confessions, c’est mal parti. Difficile de garder un teint frais en prison…

Lady Didi :
Des confessions, mon pauvre, juste une diversion…

[Avec horreur, je me rendis compte qu’elle avait profité de son monologue pour s’approcher d’un tiroir, dont elle tira un petit revolver, qu’elle braqua dans ma direction. ]

Lady Didi :
Aurevoir, Archie.

[tir de revolver]

Une déflagration déchira le silence nocturne. Je fermai les yeux. Un instant, je me dis que c’en était fini de moi. Le son d’un corps qui chute sur le carrelage de la cuisine. J’ouvre les yeux pour découvrir le corps inanimé de Lady Didi. Derrière-elle, Mitch, son smith et wesson entre ses mains, se tenait dans l’embrasure de la porte.

Mitch :
Après toutes ces années, je dois encore te babysitter ? Qu’est ce que tu ferais sans ton ancien partenaire pour te sauver les fesses, Archie ?

Archie :
Mitch? Mais comment as-tu su?

Mitch :
Moi aussi j’ai reçu le rapport du médecin légiste, qui crois-tu te l’avoir envoyé ? J’étais sûr qu’après sa lecture, tu ne lâcherais pas l’affaire et que tu viendrais mettre ton nez sous le tapis des Mesoso. Instinct de flic. Le même qui m’a poussé à enregistrer ta conversation avec Lady Didi d’ailleurs.

[ Il sortit avec fierté un magnétophone de sa poche. ]
Mitch :
C’en est fini de cette serial-kleptoplast. Merci pour ton aide Archie… grâce à toi, j’aurais sûrement une promotion, et quelques donuts en prime.

[S’il n’y avait pas eu un cadavre dans la cuisine, nous aurions certainement  ri de bon cœur. Mais l’heure n’était pas à la rigolade mais à la circonspection… J’avais manqué de mourir dans cette affaire..
Peut-être qu’il était temps pour Archie Spira de ranger son trench… et de se me mettre au vert, lui aussi... ]

The End

Crédits audio :
Thème Femme Fatale :
Kevin McLeod - Night on the Docks (Sax) - HD
Noire #1 - Free Royalty-Free Music
Kevin MacLeod: On the Cool Side

Thème Monologue Détective :
Kevin MacLeod: Just As Soon
Kevin MacLeod: Cool Vibes
Thème Filature :
Kevin MacLeod: Bass Walker
Kevin MacLeod: Covert Affair
Kevin MacLeod: Dances and Dames
Kevin MacLeod: Deadly Roulette
Kevin MacLeod: I Knew a Guy
Kevin MacLeod: Walking Along
Thème bar Jazzy :
Kevin MacLeod: Shades of Spring
Thème course poursuite :
The Chase - Topher Mohr and Alex Elena
Ambiance sonore ville/NYC :
New York Street Ambience.wav by lazymonk
Thème Cabaret :
Kai Engel - Cabaret

Liens :
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Kleptoplasty
Kleptoplastie — Wikipédia
Elysia
A Kleptomaniac Snippet
The Sea Slug's Guide to Plastid Adoption
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Passing Chloroplasts
The Science of Slugs: Everything You Wanted to Know About Kleptoplasty, But Were Afraid to Ask
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Dine in or take out?: The dilemma of the mixotroph 
Dinoflagellates: The Algae That Saved an Astronaut
Salamandre
Algal symbiosis could shed light on dark ocean
For a green alga, spotted salamanders are stressful hosts
Mesodinium rubrum
The Amazing Acquired Phototroph!.

Références :
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